Extrait de création durant le confinement – Dévore la jeunesse en virtuel…

Nous vous avions annoncé la reprise virtuelle de notre projet Dévore la jeunesse durant ces derniers mois de confinement, mais nous ne vous avons pas donné d’aperçu de ce qu’il s’y est joué… Voici donc un ensemble d’extraits tirés des sujets traités durant le confinement, qui donnent à voir comment les participant.e.s au projet ont investi.e.s les thématiques soulevées par le mythe de Thésée qui forment le socle de notre projet actuel de synthèse de ce chantier artistique. 

Si vous souhaitez lire davantage des scènes crées et jouée par les habitant.e.s de la Duchère une version imprimée sera disponible jusqu’à la fin du projet dans le hall de la MJC. 

Et si la découverte de ces extraits vous a donné une folle envie de jouer avec nous, il n’est jamais trop tard ! Les ateliers continuent jusqu’à fin juillet et reprendront en septembre en vue du spectacle final de Dévore la jeunesse, .

Nous espérons vous retrouver nombreux.ses dans les ateliers, le public ou sur scène ! 

 

SUJET 1 – QU’EST CE QU’UN HÉROS/HÉROÏNE ? QUEL.LE.S SONT LES HÉROS/HÉROÏNES D’AUJOURD’HUI ?

IMPROVISATION – LA FOOTBALLEUSE

Maeva crée un personnage de footballeuse, Océane est son Admiratrice. L’Admiratrice

« coince » la joueuse après un match.

L’ADMIRATRICE : Bonjour.

LA JOUEUSE : Bonjour qui êtes-vous ?

L’ADMIRATRICE : Je suis désolée d’être venue comme ça et de vous suivre, mais en fait je

connais toute votre vie, je sais quand vous avez commencé le foot, quand vous êtes née, combien

de matchs vous avez gagné avec votre équipe. En fait c’est vous qui m’avez montré comment

jouer au foot vraiment.

LA JOUEUSE : Attendez, vous êtes qui, comment vous vous appelez ?

L’ADMIRATRICE : Je viens de vous le dire, je m’appelle Rose, j’ai 26 ans. Depuis que je suis

petite je vous regarde. J’ai toujours rêvé d’être à votre place…

LA JOUEUSE : Déjà vous n’avez pas le droit d’être là, si on vous entend vous êtes dans la merde,

parlez moins fort. Je vous comprends, je suis flattée de ce que vous me dites, mais vous ne

pouvez pas réagir comme ça. Je suis comme vous. Je ne comprends pas, je suis une personne

normale. Je suis flattée, ça me fait franchement plaisir que des gens reconnaissent mon talent,

mais un minimum de… madame vous ne pouvez pas réagir comme ça je suis comme vous.

L’ADMIRATRICE : Je comprends mais c’est vous qui m’avez montré comment jouer au foot.

Maintenant grâce à vous j’adore le foot. Je suis passionnée grâce à vous. Et depuis ce jour-là j’ai

toujours rêvé d’aller vous voir en vrai. Pas seulement être devant un écran, mais je voulais vous

voir jouer vraiment. Et je voulais vous voir en personne. J’en ai marre de regarder la télé.

J’aimerais beaucoup que vous m’appreniez comment jouer.

LA JOUEUSE : Vous apprendre ?

L’ADMIRATRICE : Oui.

LA JOUEUSE : Je ne sais pas si c’est possible madame, après tout, excusez-moi mais je ne vous

connais pas moi, vous connaissez toute ma vie mais moi je ne vous connais pas. Je ne sais pas

qui vous êtes à part votre prénom, vous étiez où avant je…

L’ADMIRATRICE : J’habite à Lyon. Plus précisément à la Duchère. Et à la Duchère nous avons

« L’AS DUCHÈRE ». J’ai une petite équipe, et j’aimerais beaucoup si vous pouviez participer et

montrer aux autre enfants et être coach là-bas. Pour montrer aux enfants comment il faut faire

comment apprendre.

LA JOUEUSE : Je sais mais ce n’est pas facile Madame, j’ai des obligations. Vous comprenez je

ne peux pas me pointer dans un club comme ça, j’ai une famille, des entraînements ; ravie de vous

rendre heureuse, mais je ne peux pas je suis désolée.

L’ADMIRATRICE : Vous avez des enfants ?

LA JOUEUSE : Non j’ai pas d’enfants, mais déjà avec ma famille c’est compliqué vous savez ?

L’ADMIRATRICE : Ah d’accord, si je vous gêne je vais partir.

LA JOUEUSE : Écoutez, je vais faire du mieux possible pour venir à votre entraînement. Mais je

vous garantis rien ok.

L’ADMIRATRICE : Il n’y a pas de problème, rien que de vous voir ça me fait plaisir. Si vous ne

pouvez pas, ce n’est pas grave, ça fait plaisir que vous m’ayez écouté.

LA JOUEUSE : Écoutez, je vais faire tout mon possible pour vous, je sais que vous êtes une

femme, et je vais faire le mieux possible.

L’ADMIRATRICE : D’accord. Je vous remercie.

 

 

IMPROVISATION – ETHYA SUPER HEROINE RENCONTRE NADINE

Ethya (Pierre) se cache. Elle est déprimée. Nadine (Emeline) cherche Ethya, qui l’a sauvée d’une agression il y a quelques temps. Elle veut qu’Ethya reprenne du service en tant que héroïne.

Nadine – Ethya ! Ethya !

Ethya _ oui. qu’est-ce qui se passe ?

Nadine –Mais c’est toi ! qu’est-ce que tu fais ici ! Tu te caches ! On a besoin de toi nous !

Ethya -Je suis pas bien. Je peux pas en ce moment je… je peux pas. Je suis pas en capacité de vous aider. J’ai plus de force, plus de courage. Je dois m’occuper de moi, de ma vie, de ce que je suis… je suis pas bien. J’ai des peurs, des doutes, des angoisses…

Nadine – Attends attends ! Toi t’es une héroïne ! Tes peurs tes doutes tes angoisses… arrête ! Tu peux pas être égoïste comme ça ! ça va pas du tout ça ! Nous on a besoin de toi, là, dans la rue, c’est la galère depuis que t’es plus là, c’est la galère !

E – je sais pas quoi te dire. J’ai mal.

N – T’as mal où ?

E – j’ai mal aux viscères, le coeur qui se serre, le foie qui éclate…

N – T’es pas un peu hypocondriaque !

E – oui mais j’ai le coeur qui me serre je suis pas bien je suis complètement en perte de moi-même.

N – tu sais c’est peut-être ta transformation en femme

E – j’arrive plus à trouver une quête à ma vie

N – franchement je te la trouve ta quête c’est de veiller sur nous, les femmes

E – J’ai peur Nadine, j’ai peur

N – T’as peur de quoi ?

E – J’ai peur de… l’humain. De toi, de vous. Qu’est-ce que ça va faire que je vous sauve ? qu’est-

ce que ça m’apporte de vous sauver ?

N – C’est toi l’héroïne, tu dois sauver des vies. Tu dois nous sauver. C’est ton métier.

E – arrête de me pousser comme ça. Héroïne c’est fatigant. Qui va me sauver moi de ma solitude,

de ma tristesse ? j’ai pas choisi cette vie

N – moi non plus j’ai pas choisi. j’aurais bien voulu avoir tous tes muscles pour pas me faire

emmerder.

E – Aide moi toi, avec ton coeur.

N – D’accord mais là y’a urgence. Si tu veux, tu continues tes rondes la nuit, et le jour, on peut se

promener ensemble, discuter, prendre un café…

E – Non, pas de café !

Je vais essayer de reprendre confiance en moi. Je vous aime et j’ai envie de que vous m’aimiez.

Je vais tout faire pour aller mieux. Laisse moi un peu de temps. Une nuit ça te va ?

N – Ok

E – remplace moi cette nuit

N – attends, je suis pas une héroïne, moi ! j’ai pas des muscles comme ça.. je suis toute

gringalette, si y’a un maouss qui se pointe, je sers à rien moi !

E – Aide moi à soigner mon corps brisé.

N – Ok, je peux passer à la pharmacie. t’as besoin de quoi ?

E – Prend moi des calmants, des choses qui apaisent, des choses douces…Je sais pas, ce que tu

veux… c’est toi qui sais tout ça ! Je connais pas vos médicaments …

N – Tiens, une tisane. Attention c’est un peu chaud. Ça va t’aider à dormir. Et demain matin je

reviens.

E – J’ai le coeur plus léger tu sais. Pourquoi tu fais ça Nadine ?

N – Tu m’as sauvée. Et puis on a besoin de toi.

E – Laisse moi une nuit. Je suis prête à redoubler d’efforts, à être résiliente envers toi, envers moi,

envers vous qui avez besoin…

N – Repose toi !

E – Et toi Nadine ? Comment tu vas ? Juste quelques mots, parle-moi de toi un peu.

N – ça va. J’étais très en colère contre toi. Ça fait 15 jours que t’avais disparu, y’a des copines qui se sont fait agresser la nuit dernière…

E – agresser !

N- tu sais bien qu’on se fait agresser la nuit, quand on est une femme à la rue..

E – oui c’est vrai. Même moi dans mon peuple, ces espèces de singes ces babouins, ces

macaques qui commencent à être agressifs à montrer leurs dents, à bomber leur torse pour

montrer que c’est eux les plus beaux les plus forts les plus intelligents et nous ils nous écrasent

comme de la pâté ! Comme je te comprends. Je vais tout faire pour t’aider. Ça va m’apporter

beaucoup de t’aider dans cette jungle urbaine. Je peux pas subir ça. Ce chaos.

N – C’est pour ça que tu es l’héroïne parfaite. Je te laisse cette nuit pour te reposer pour prendre

des forces et demain matin je reviens, et on se prépare pour la nuit d’après, que tu m’apprennes

quelques trucs.

 

 

SUJET 3 – SI TU AVAIS DU/UN POUVOIR TU EN FERAIS QUOI ?

 

IMPROVISATION – BADRIA RENCONTRE BADRIA DU FUTUR 

Badria a le pouvoir de retourner en arrière pour changer quelque chose qu’elle a fait… Elle rend donc visite à son moi passé.

B futur – Badria ?

B – Oh ! Oui ?

B futur – Mon visage te dit quelque chose ?

B – Un peu

B futur – Pas la même coupe de cheveux mais sinon c’est un peu pareil…

B – Attendez je suis en train de rêver ou quoi ?

B futur – Détends toi. C’est pas si bizarre… je te ressemble beaucoup parce que moi aussi je

suis Badria.

B – Tu me fais une blague ? T’es genre un sosie d’un autre pays ?

B futur – Admettons je suis un sosie d’un autre pays. Le plus important c’est… tu vois dans

quoi tu t’es mise comme merde ?

B – Comment tu sais ça ?

B futur – C’est pas important. Là quand même, tu sais que si tu fais rien, tu vas finir en

prison…

B – Attends mais…

B Future – Genre toute ta vie.

B – Mais qui es-tu ?

B futur – Il y a une demi-heure, j’étais dans ma cellule. C’est là où tu vas aller si tu fais rien.

B – T’es genre mon moi du futur ?

B futur – Je suis juste sortie pour pas que tu ailles dans cette cellule. Je suis sortie juste pour

revenir dans le passé. Va falloir absolument que tu te concentres et que tu réfléchisses à

comment faire pour pas finir ta vie comme ce que moi, si tu changes rien, je vais devoir

faire.

B – C’est pas possible de… tu peux pas venir et me dire ça comme ça ! tu peux pas venir

altérer le passé mais..non !

B futur – Tu préfères suivre ce que t’allais faire et puis te laisser avoir et puis finir en prison ?

B – Oui ! Moi je crois à un seul destin. J’ai peut-être plusieurs choix mais le destin ça restera

le même !

B futur – Et donc ton destin c’est quoi ?

B – Justement je sais pas et c’est ça qui est beau ! Tu peux pas venir et me dire que je peux

changer des choses non ça c’est pas possible ! Et qu’est-ce qui te dit que quand tu vas

revenir dans ton présent ça aura changé ? Ce qui est fait est fait !

B futur – Tu préfères pas être maître de mon destin, le changer, l’améliorer, le rendre moins

difficile ?

B – Mais comment je peux être maître de mon destin si toi tu viens influencer mes choix ?

B futur – Je t’influence pas, je te permets juste de voir qu’est-ce que tu peux faire et quelles

sont les différentes possibilités.

B – Je suis en train de rêver… de toutes façons, toi tu es moi ?

B futur – Oui. Tu me vois, tu m’as reconnue, tu t’es reconnue.

B – Waouh…Je comprends pas. Du coup t’es en prison en ce moment ?

B futur – Ouais. En fait, je pourrais ne pas y aller. Tu pourrais ne pas y aller.

B – Mais comment tu le sais toi ? Comment tu sais que le choix que je vais faire maintenant

te ferait ne pas aller en prison ?

B futur – En tous cas le choix que moi j’ai fait, et que tu vas faire dans une seconde si tu

m’écoutes pas, va t’amener en prison… tu peux peut être essayer autre chose pour tenter un autre futur.

B – Toi c’est moi, on est d’accord ?

B futur – Oui. Sauf que toi tu as plus de possibilités que moi parce que là tu me rencontres et tu sais que tu as d’autres options. Par exemple, là, si au lieu de prendre toutes tes affaires et courir le plus loin possible pour que personne ne te retrouve…. ben tu sais que ça va pas

marcher. Moi ils m’ont eu en même pas trois jours. Ce qu’il faut que tu fasses, c’est de faire

en sorte que quelqu’un d’autre soit accusé à ta place. J’y ai longtemps réfléchi en prison. Je me suis dit mais qu’est-ce que j’aurai pu faire d’autre ? Je sais qu’il y a deux trois personnes que tu pourrais accuser… t’étais pas toute seule dans ce petit mic mac…

B – Mais t’es sûre que tu seras pas là où tu es ? t’es sûre que mes choix à moi peuvent

altérer le futur ? Tu sais très bien que tous les choix qu’on a fait nous ont ramené à un point

et c’était notre destinée !

B futur – ça c’est quand j’étais comme toi, la tête embrouillée. Ça fait un an que j’y pense, à

comment prendre le pouvoir sur ma vie et ne pas me faire avoir par tout ce qui se passe.

Maintenant moi j’ai la maturité alors tu vas m’écouter ok ! Parce que moi j’ai pas envie de rester en prison !

B – Tu viens maintenant me dire de faire un choix qui n’est pas le mien mais c’est le tien

mais comme toi tu es moi c’est forcément le mien…

B futur – Oui c’est ton choix !

B – J’aime pas être influencée mais là..

B futur – Tu es influencée par toi-même ! Tu n’as qu’à écouter ton toi un peu plus mature… Là c’est ta partie mature qui te dit : « Attention Badria, concentre-toi, fais les bons choix ! »

B – Ok… ok… Un bon choix, accuser quelqu’un d’autre ?

B futur – Écoute, c’est la seule solution. Nos deux comparses peuvent se faire avoir, il suffit

de les attirer vers toi, tu mets les armes chez elles… et toi tu restes tranquille, tu fuis pas. Si

tu fuis, on va t’accuser ! C’est ce qui m’est arrivé !

B – C’était prévu de s’enfuir ! En fait t’es juste dans ma tête ! T’es juste là pour me faire des

problèmes ! Je ferme les yeux tu seras partie ! (elle ferme les yeux) Mais qu’est-ce que tu fais encore là ! !

B futur – Je pars dans 30 secondes. Maintenant que tu es plusieurs dans ta tête, il y a ton toi

un peu puéril et ton toi mature et qui a vécu un an en prison, tu réfléchis, tu organises un

plan crédible et tu penses à toi, à ton futur. Les deux autres pffff… elles vont de toutes

façons finir en prison. Alors que toi tu es plus maligne. Tu peux faire en sorte que ça t’arrive

pas. Je vais te laisser, tu as tous les éléments en tête. Détends-toi, souffle un coup et tu

verras dans deux-trois semaines tout ça ce sera du passé.

B – J’ai jamais pensé qu’on pouvait influencer le destin. J’ai toujours pensé qu’on avait juste

une ligne de conduite avec plusieurs choix, et tous tes choix font ta ligne de conduite mais la

fin sera toujours la même. Et là tu me dis que je peux tout changer ? Si j’avais pu tout

changer, pourquoi on en est là ? Pourquoi j’en suis là ? On est pourries jusqu’à la moelle, on

est maudites… ça reviendra toujours, c’est un boomerang ! Notre vie c’est un boomerang !

B futur – Je vais te laisser, maintenant tu as pris conscience que tu pouvais changer ton

destin. Je te fais confiance je compte sur toi !

 

SUJET 4 – SOMMES-NOUS EN DÉMOCRATIE ?

IMPROVISATION – QUEL FUTUR POUR CRÉTEIL-SOUS-BOIS ?

Assemblée collective au sein d’un village pour décider du futur de la commune étant donné qu’il n’y a pas de candidat ou de liste proposée au premier tour des élections. 

MELISSA : Merci à tous et à toutes, je sais c’est jeudi soir personne n’a envie de venir à la mairie. Je voudrais déjà vous dire merci à tous et à toutes. J’ai parlé avec le conseiller du préfet, et il m’a dit que si on n’avait pas un candidat pour le second tour, on allait sûrement être attaché au village de Saint Goudron de Vénère. Si nous sommes rattachés là-bas ça implique pleines de choses, ce qui est sûr c’est que le pouvoir ne sera plus ici, alors je me suis dit qu’on se réunisse et qu’on parle, il nous reste encore deux semaines. Une liste vous le savez Mme Paris, c’est quelque chose de long et qui demande beaucoup d’énergie, et il va falloir qu’on unisse nos forces. Vous me connaissez tous, je suis la boulangère, tout le monde vient et il me semble important qu’on prenne un peu de temps ensemble, merci d’être là. Quelqu’un veut prendre la parole ? (silence) Non ? C’est quand même un enjeu qui concerne nos enfants, qui concerne les enfants de nos enfants. S’il vous plaît engagez vous un peu là !

DANIELLE : J’ai une question concernant l’école, puisque tu parles des enfants. C’en est où ça ? Ca va continuer la classe unique ou ça va être supprimé carrément et on devra aller à Saint Goudron de Vénère ? 

MELISSA : Oui l’école étant petite, ils parlent de la rattacher à Saint Goudron, quinze minutes de voiture pour ramener nos enfants à l’école, aller et retour, pour ceux qui n’ont pas de voiture c’est compliqué. Ca pourrait être porté par la prochaine liste, comme l’a été porté par madame Paris.

DANIELLE : Oui justement parlons en qu’est-ce qu’elle a fait, par rapport à l’école, on pourrait faire le bilan. 

MME PARIS : Mais faites tout le bilan que vous voulez, de toute façon, tout ce qui était sur

ma liste je n’ai rien pu faire, je ne veux pas me représenter parce que vous n’avez aucun

pouvoir. La classe on veut la garder, l’école on veut la garder, mais c’est pas moi qui décide. C’est l’inspection académique si on ouvre ou si on ferme une classe. On voulait pas de l’autoroute à la sortie du village, est-ce que j’ai pu faire quelque chose ? J’ai rien pu faire du tout, donc moi ras le bol, faites le bilan si vous voulez, bon ou pas bon, quand on est maire d’un petit village moi je vous le dit, on n’a aucun pouvoir. Vous êtes gentille madame la Boulangère, de ne pas laisser le pouvoir à Saint-Goudron, mais de toute façon quand on a le pouvoir on ne peut rien faire. Ciao. Je vais pas rester longtemps de toute façon j’ai un apéritif avec des amis, je suis venue par sympathie mais on se dépêche là. 

BADRIA : En fait la vie du village ne vous intéresse pas du tout. Votre ancienneté comme maire ne vous a rien appris. 

MME PARIS : Vous rigolez ou quoi, y a ma fille qui est avec moi. Dis leur Océane les soirées

que j’ai passées à m’occuper des projets, à essayer de me battre, je ne voyais plus mes enfants. Moi j’en ai rien à fiche vous dites ? Explique leur. 

OCÉANE : Ma maman a essayé de faire tout le possible pour réussir. Tout le monde s’en fichait. A chaque fois qu’elle voulait faire quelque chose de nouveau, on lui disait il faut pas faire ça comme ça. Qu’est-ce que vous voulez faire du coup ? 

BADRIA : Ta maman va boire l’apéro là donc.  

OCEANE : Elle va boire l’apéro parce qu’elle n’arrête pas de travailler. Et vous vous foutez rien en fait. Vous vous en fichez. 

BADRIA : Mais qu’est-ce qu’on fait là si on fait rien. 

OCEANE : Vous changez rien. Vous pourriez faire que l’école reste chez nous, comme ça les

enfants n’iront plus en voiture. Les enfants n’ont pas le temps de les ramener à l’école. Pourquoi pas créer une nouvelle école, et d’essayer d’aller plus loin pour la route. 

MELISSA : Ce sont de très bonnes idées ça Océane. Je suis complètement d’accord, une école dans le village comme elle est maintenant. Et vous Madame Hadj-Doudou qu’est-ce que vous en pensez ? 

MME HADJ-DOUDOU : Ce que j’en pense c’est qu’on ne peut pas laisser tomber notre village. Il faut qu’on fasse quelque chose. On va demander aux gens de nous aider, si on laisse le village être rattaché, c’est pas possible, il faut qu’on fasse quelque chose. On va pas laisser tomber. On fera des élections. On ira dans les maisons, sur les marchés, on va pas laisser tomber notre village, emmener nos enfants dans une autre école, maternelle, primaire, c’est pas facile. Il faut faire vivre notre village comme on dit. 

MME PARIS : Pourquoi vous ne vous présentez pas Madame Hadj Doudou ? Vous avez à

devenir la mairesse. 

MME HADJ-DOUDOU : Eh ben je vais essayer… 

(…)