Territoires de Lyon 9e

Depuis son arrivée dans le 9e arrondissement de Lyon en 2014, la compagnie mène des projets ambitieux de création théâtrale et participative avec les habitant.e.s du quartier en lien avec les différentes structures socio-culturelles implantées dans ce territoire. Cette forte coopération est essentielle parce qu’elle permet une richesse dans le travail mené, dans la compréhension des enjeux du territoire et dans la qualité des actions proposées. Depuis 2022, cette dynamique déjà à l’œuvre sur le quartier de la Duchère est étendue au territoire du Vergoin.

Pour ce faire, la compagnie s’engage dans une démarche de création théâtrale avec la mise en place d’ateliers, l’écriture d’un texte, les répétitions, la mise en scène et enfin la représentation d’un spectacle inédit et unique.

D’autre part, Le Lien Théâtre ouvre son processus créatif à un grand nombre d’habitants et d’institutions du territoire. Pour cela sont organisés de manière hebdomadaire et publique des « épisodes théâtraux » joués par des comédien.ne.s professionnel.le.s et parfois des habitants amateurs. Ces temps artistiques, à chaque fois suivis d’un temps d’échange avec le public, se déroulent au sein des différentes structures partenaires, sur des temps d’affluence pour permettre à un maximum de personnes normalement éloignées de l’offre culturelle de participer à l’action (MJC Duchère, bibliothèque, Centre Social Sauvegarde), et en plein air (Square Averroès, Parc du Vallon…). Ainsi, le format et la régularité de ces épisodes permettent de créer et de maintenir un lien, au fil des épisodes, entre l’équipe artistique et les habitant.e.s du quartier.

 

 

Projets en cours
2023 : In-Sisyphe

En 2023, la compagnie souhaite ouvrir un nouveau chantier artistique en explorant l’histoire du mythe de Sisyphe.

Sisyphe, dans les poèmes d’Homère, est le plus astucieux des Hommes, un homme trop sûr de lui puisqu’il n’a pas hésité à défier Zeus. Pour se venger, Zeus ordonne de tuer Sisyphe, mais ce dernier défia la mort. Zeus condamna Sisyphe à faire rouler éternellement un rocher au sommet d’une colline, lequel rocher dégringole ladite colline lorsqu’il est parvenu au sommet. Ce mythe interroge notre obsession de l’immortalité, notre rapport à la sanction, au supplice, il vient également questionner la vanité humaine et son « hybris » (démesure). Selon Albert Camus, Sisyphe personnifie le malheur de l’Homme, l’absurdité de la vie, mais il représenterait avant tout l’homme rebelle, qui ne cède pas au désespoir puisqu’il continue à faire rouler son rocher, il choisit la vie envers et malgré tout.

Ce projet s’articule autour de débats de chantier thématisés dans l’objectif de décortiquer et de réfléchir collectivement aux enjeux profondément actuels que soulèvent ce mythe (notre rapport à la mort, à la sanction, la quête d’immortalité, le sens de la vie). Ils ont été organisés dans les différentes structures partenaires du territoire du 9e arrondissement de Lyon (MJC de la Duchère, Centre Social de la Sauvegarde, Local de la Prévention Spécialisée, Le Refuge, La Friche Urbaine). 

Des restitutions ont été prévues à la fin de chaque session sous la forme d’Episodes, c’est-à-dire de courtes scènes de théâtre écrites par l’auteur de la compagnie à partir des échanges et des scènes jouées lors des débats de chantier avec les habitant.e.s les semaines précédentes. Ces Episodes ont également restitués dans les structures partenaires du territoire ainsi qu’en extérieur sur l’espace public.

A partir de la matière récoltée au cours de ces chantiers artistiques, notre auteur, Matheo Alephis, a écrit un spectacle de mi-parcours, In-Sisyphe, retraçant les quatre Episodes de la vie de Sisyphe. Ce spectacle a été joué en déambulation dans le Parc du Vallon dans le cadre du Festival D’Art et D’Air. 

Galerie de photos d’atelier + film photographique Like a rolling stone © Ernesto Timor.

 

2022 : 1, 2, 3 Fraternités

Pour l’année 2022, nous chercherons à prendre de la hauteur sur les textes travaillés en 2021 afin d’emmener les habitant·e·s du quartier, jeunes comme adultes, vers la création d’une histoire contemporaine sur la fraternité telle qu’elle se vit aujourd’hui. Ce nouveau projet vise à réunir sur le plateau des jeunes de 16 à 25 ans et des adultes/seniors sur leur vision commune et/ou opposée de cette relation à l’autre, cette figure d’altérité, ce rapport à soi et au monde. Finalement ce projet est aussi un prétexte pour aborder des sentiments forts comme l’amour – parental, frères / sœurs, passionnel –, la jalousie, la haine, la rancœur, l’envie, le regret, la honte, l’exil et le déracinement. Nous souhaitons partager le processus de création avec les participant·e·s du projet. C’est un processus participatif qui engage l’équipe artistique et les participant·e·s sur un même pied d’égalité. Anne-Pascale Paris et Matheo Alephis utilisent une démarche de création vivante et interactive : « l’écriture au plateau » complétée par des discussions informelles avec les participant·e·s qui viennent alimenter la création.

 

2021 : L’un·e contre l’autre

En 2021, nous avons poursuivi notre exploration artistique des « maux » de notre jeunesse auprès des 16-25 ans du quartier de la Duchère et plus généralement du 9e en convoquant une nouvelle thématique : les rapports conflictuels dans la fratrie. Ce projet qui a commencé par une exploration du récit biblique de Caïn et Abel et coranique de Habîl et Qabîl, s’est élargi sur un corpus dramatique et littéraire de mythes variés traitant de cette thématique. De la mythologie mésopotamienne à la Grèce antique, en passant par l’ancien empire égyptien, les histoires de frères/soeurs ennemi·e·s sont multiples. L’opposition entre deux frères, parfois jumeaux, est très répandue dans les mythes, légendes ou contes, sur tous les continents, ayant ses origines à l’aube de l’humanité. Souvent un des deux frères tue l’autre devenant ainsi la souche d’une lignée postérieure. C’est au fond le grand thème du rapport à la différence.
Comment est-ce que j’accepte et accueille la différence de mon frère, de ma sœur ? Finalement, c’est aussi un prétexte pour aborder des sentiments forts comme l’amour -parental, frères / sœurs, passionnel – la jalousie, la haine, la rancœur, l’envie, le regret, la honte, l’exil et le déracinement.

Je dis « frères ». Je dis « ennemis ». Frères ennemis. Depuis le début de l’humanité, j’ai vu, les frères se sont haïs et entretués, enfants d’une même mère et d’un même père. L’Un contre l’Autre. C’est peut-être faux, c’est peut-être une légende, ils tuaient juste les animaux pour se nourrir, ils ne pouvaient pas tuer leur prochain, leur frère. Ou alors si ? 

Extrait de L’un.e contre l’autre écrit et lu par un des habitants.

Une restitution du travail en cours L’un.e contre l’autre a été proposée le jeudi 3 juin 2021 au jardin du Centre Social de la Sauvegarde dans le cadre du Festival D’Art et D’Air. Ce premier spectacle, mêlant des scènes écrites par l’auteur, des interscènes de combat, des textes rédigés par les habitant·e·s ou encore une chanson composée spécifiquement pour le projet, a été interprété par 17 comédien.ne.s amateur.e.s et professionnel.le.s : 6 jeunes du Centre Social Sauvegarde, 1 animateur du Secteur jeune du Centre Social, 2 habitant·e·s adultes du territoire en situation de handicap, 2 jeunes (20-25ans) de l’association Le Refuge, 3 musicien·ne·s dont deux jeunes duchérois (20-25ans) et 3 comédien·ne·s du Lien Théâtre.

Les frères et sœurs ont le même sang. Ils ont le même père et la même mère. Mes frères et sœurs ont des pères différents, je ne les connais pas. J’aimerais leur dire qu’ils ne me rejettent pas. Par contre, j’ai un frère de cœur, il a un an de moins que moi, je l’ai rencontré quand j’étais petit, j’avais 16 mois. […] J’aimerais lui dire que c’est un bon ami et qu’après le confinement on pourra de nouveau passer des soirées chez lui comme avant.

Extrait de L’un.e contre l’autre écrit et lu par un des habitants.

Photos © Ybou photography.

Une représentation finale de la création L’un.e contre l’autre autour des frères et soeurs
ennemi.e.s a été présentée le samedi 11 décembre au théâtre de la MJC de la Duchère. Lors de ce spectacle participatif, 13 habitant.e.s accompagné.e.s de 2 comédien.ne.s du Lien et de 2 musicien.ne.s en live ont foulé les planches pendant plus d’une heure et demi devant une cinquantaine de personnes présentes ce soir-là.

Mais alors comment passons-nous du fratricide à la fraternité ?
C’est simple. Quand nous arrêtons la haine, la jalousie, le crime. Tu ne tueras plus.
Comment nous sortons du complexe de Caïn, afin de l’extirper à la racine ?
C’est simple. Tu aimeras ton frère. Tu travailleras avec lui. Tu vivras avec lui.

Extrait de L’Un.e contre l’autre.

Photos © Romane Courtin.


Projet artistique financé et soutenu par la Ville de Lyon, la Métropole de Lyon, l’ANCT, la DRAC Auvergne Rhône-Alpes et la Fondation BNP Paribas. Partenaires : le Centre Social de la Sauvegarde, Le Refuge (Vaise), la MJC de la Duchère, la Bibliothèque du 9ème et le Festival D’Art et D’Air.

 

Projets passés 
2020-2021 : Dévore la jeunesse

Voir le fil d’actualité du projet Dévore la jeunesse

2019 : Tout Thésée
2018 : Notre Labyrinthe

Voir la page de présentation générale de l’action Notre Labyrinthe

 

2016-2017 : La vie de Thésée en 12 épisodes
2015 : Ascenseur pour l’égalité / Notre Ascenseur
2014 : Gilgamesh